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A Bécon-les-Bruyères, la nouvelle église Saint-Maurice voit le jour au lendemain de la difficile séparation de l’Eglise et de l’Etat. Dans un acte militant, son fondateur (le chanoine Oudin) souhaite symboliquement doter cet édifice de ce qu'il y a de meilleur. L'orgue en cours d'installation à Bécon.Il n’hésite pas à demander une extension de la tribune afin de pouvoir recevoir l’orgue qui saura honorer ce nouveau lieu de culte. L’instrument est remonté par Charles Mutin en 1912 avec quelques adaptations à la disposition du nouveau lieu. L’inauguration a lieu le 6 avril 1913 par Eugène Gigout (1844-1925), organiste-compositeur de Saint-Augustin à Paris.

Si son déménagement a permis de le sauver des flammes, sa réinstallation n’en constitue pas moins une altération de l’œuvre originale de Cavaillé-Coll. La principale modification est bien sûr l’adaptation aux nouveaux lieux. En effet, la tribune de Saint-Maurice n’a pas les dimensions qui permettrait de conserver la disposition initiale ; Mutin prend donc la décision de déplacer l’ensemble des sommier et tuyaux du clavier de Récit, d’une position centrale en arrière de l’orgue, à une nouvelle position excentrée et beaucoup plus en avant. Cette transformation a pour effet de rompre complètement l’équilibre souhaité par Cavaillé-Coll entre chacun des plans sonores.

Entre 1925 et nos jours, certainement parce que les anches libres n’étaient plus à la mode, on a supprimé la Physharmonica dont nous avions vu qu’elle était pourtant l’une des particularités majeures de l’instrument.

En 1976, c’est également cette notion de mise au goût du jour qui guide Jean Jonet dans ses travaux. Il supprime deux jeux jugés trop « romantiques » pour les remplacer par des jeux de mutations tels qu’on peut les trouver dans l’orgue du XVIIIe siècle : c’est alors le règne de l’orgue dit « néo-classique » dans le pire sens que ce mot ait jamais connu. Dans cette même logique, il intervertit des jeux entre les claviers de Positif et de Récit, modifie la composition de la Progressio harmonica, recoupe les tuyaux de Flûtes harmoniques, adoucit beaucoup de tuyaux... tout cela dans le seul but de permettre de jouer de la musique des XVIIe et XVIIIe siècles... sur un orgue du siècle suivant. Parallèlement à ces interventions sur la tuyauterie, Jonet néglige complètement la remise en état de la mécanique et du circuit d’alimentation en air pourtant déjà indispensable.

L'orgue est classé Monument Historique en 1985.

Trente-cinq ans après, toutes ces altérations de l’esthétique originelle de l’orgue sont toujours présentes et demandent à être corrigées, impliquant de lourds travaux : reconstruction des tuyaux disparus, rallonge des tuyaux recoupés, déplacement de l’ensemble du troisième clavier, restitution de la Physharmonica... Si ces considérations esthétiques sont perceptibles par tout auditeur attentif, il existe dans cet orgue des déficiences plus sournoises : les problèmes mentionnés plus haut sur la mécanique ou l’alimentation en air et plus généralement tous les organes techniques de l’instrument. Par exemple : les sommiers, pièces maîtresses d’un orgue, permettant la distribution du vent en fonction des notes jouées et des jeux utilisés, ont perdu une grande partie de leur étanchéité, entraînant de nombreuses notes non-souhaitées.

L'orgue aujourd'hui

Au printemps 2010, l’état d’usure avancée de la mécanique a contraint l’Association à renoncer à organiser des concerts. L’orgue risque en effet à chaque instant une panne importante qui le rendrait injouable.

 

 
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